SEXOLOGIE
SPÉCIALISÉE DES PERSONNES SOUFFRANT DE TROUBLES
DU COMPORTEMENT ALIMENTAIRES
J.M. HUET - Diplomé de sexologie de l'université Paris V -
Membre de L'AIHUS
(Association Inter Hospitalo Universitaire de Sexologie)
Cette consultation s’adresse spécifiquement aux
personnes souffrant de
troubles du comportement alimentaires et de
troubles de la
sexualité. L’expérience clinique montre
clairement que les personnes souffrant de TCA, quelle que soit la durée
ou l’évolution de la maladie, ont
plus de
difficultés par rapport à la sexualité que la moyenne de la
population. Les premiers résultats statistiques de
l’étude «
Sexualité
et troubles du comportement alimentaire » que j’ai
lancée en 2009 et qui continue à ce jour semblent le corroborer
particulièrement.

En effet, tout semble démontrer que la sexualité
des
personnes souffrant que ce soit d’anorexie, de boulimie, de
compulsions alimentaires est particulièrement
touchée par
la maladie, même quand les symptômes ont
diminué,
voire disparu. On peut même postuler que ces
symptômes
touchant la vie sociale, affective et sexuelle constituent le dernier
refuge de la maladie. Ces personnes même
considérées comme guéries au point de
vue de la
symptomatologie alimentaire ne jouissent pas pour autant
d’une
« santé sexuelle » au sens
défini par
l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) entre
1972 et
1975 soit :
- Une capacité de jouir et de contrôler le
comportement
sexuel et reproductif en accord avec l'éthique personnelle
et sociale.
- Une délivrance de la peur, de la honte, de la
culpabilisation, des fausses croyances et des autres facteurs psychologiques pouvant
inhiber la réponse sexuelle et interférer sur les
relations sexuelles.
- La santé reproductive, nécessitant une absence de
troubles, de dysfonctions organiques, de maladies ou d'insuffisances
susceptibles d'interférer avec la fonction sexuelle et
reproductive.
Ces trois points fondamentaux doivent être compris, selon
l'OMS, comme étant des droits de l'individu et des devoirs de la
société à leur égard.
La question de l’abord de la sexualité par les
personnes atteintes de
TCA est une question relativement nouvelle dans le champ
thérapeutique, que ce soit dans le domaine de la lutte
contre les troubles alimentaires ou de la sexologie
générale.
En effet, l’accent a d’abord été
porté sur la question de la
survie et la continuation des
nécessités vitales des sujets atteints de
troubles alimentaires. La
sexualité ayant la
caractéristique paradoxale de ne pas être strictement nécessaire
à la survie de l’individu, même si elle
l’est à celle de l’espèce, la question de la
sexualité avait été largement
négligée dans l’abord thérapeutique des TCA.
Maintenant que les progrès de la science médicale ont
limité les risques vitaux pour les TCA mais aussi fourni à
beaucoup de patients la possibilité de mener une vie autonome, la
question de la
qualité de vie de ceux-ci reste à poser de
manière beaucoup plus fine.
Pour cela, la première
consultation
spécialisée de sexologie pour les personnes souffrant de
troubles alimentaires a
été mise en place. Celle-ci se fonde sur une
double compétence en
sexologie et sur les
troubles alimentaires.
L’approche sexologique générale manque
le plus souvent d’une solide expérience des
problèmes spécifiques posés par les symptômes
des troubles alimentaires alors que les thérapeutes
spécialisés dans les TCA ne possèdent que rarement voire
exceptionnellement une
compétence sexologique.
En effet, la spécificité des symptômes
alimentaires
nécessite une connaissance approfondie des peurs et des
angoisses des sujets souffrant de TCA et de leurs
conséquences sur la sexualité. Le travail sur les parties les plus
intimes de l
’histoire sexuelle et psycho-affective de la personne
nécessite tact et franchise de la part de tous. Ceci
d’autant plus que le vécu de la
sexualité est généralement un sujet
sensible,
parfois
traumatique, pour les personnes souffrant de TCA.
La prise en charge consiste dans un premier temps en un
entretien de
prise de contact, d’exposé du problème
et de diagnostic, puis dans un second temps d’entretiens
réguliers à la fréquence d’environ une fois
par mois.
Elle se déroule de manière purement
verbale, sans
aucun contact physique entre le sexologue et le patient ou la patiente,
sans
examen physique ou qu'il soit nécessaire de montrer son
corps, selon les prescriptions et l'éthique de l'école
française de sexologie.
Les patients sont reçus soit seuls,
soit en couple, chacun à son tour puis ensemble. Des
conseils sont
donnés à appliquer entre les consultations.