L’OBESITE
L’
obésité se caractérise par un
excès de
poids qui dépasse de
20% le poids idéal
pour la
taille ou si l’indice de masse corporelle (IMC ou BMI en
anglais)
dépasse 30 kg/m².
En France selon les chiffres de 2003,
10% de la population adulte est
obèse,
20% est en
surpoids, les chiffres concernant
les
enfants sont à peine inférieurs.
Selon le professeur
Daniel RIGAUD, l’obésité
modérée est passée de 4.7%
à 10.8% et pour
l’obésité sévère de 0.4%
à 1.8%
entre 1980 et 1996.
Les risques de
mortalité augmentent avec l’indice de masse
corporelle mais bien plus vite que lui.
Il existe des
causes multiples à
l’
obésité. La
cause
génétique la plus souvent
invoquée par les
personnes souffrant d’obésité ne
représente que
25
à 30%, ce qui ne signifie pas pour autant que
l’obésité est dès lors automatique
mais que son
apparition sera plus facile si les conditions environnementales s’y
prêtent.
Selon le professeur RIGAUD "
la surcharge pondérale et
l’obésité résultent d’un bilan
énergétique favorable au long cours. Si les
entrées (ingestats moins pertes digestives) sont
régulièrement supérieures aux sorties
(dépense énergétique totale), le sujet
grossit"
Sur le plan
psychologique, il n’existe pas à proprement
parler
de
profil psychologique de l’
obèse préexistant
à
l’obésité. Par contre le maintien d’un
surpoids,
voire d’une obésité a des
conséquences
psychologiques au long terme. En effet, l’obésité
au long
cours engendre des
perturbations de l’image de soi et de l’image
corporelle dont les conséquences ne sont pas
négligeables.
Dans le regard de l’autre, et parfois même, il faut
malheureusement le constater dans celui de nombreux soignants, le
"
gros" est considéré comme un
être
faible, ayant
échoué dans la maîtrise de ses pulsions
ou de ses
appétits excessifs, responsable entièrement de sa
condition.
Quand il tente un
régime, encouragé en cela par
une
presse dont le régime, aussi
aberrant soit-il que ce soit
dans
ses prescriptions que dans ses prétentions, constitue le
produit
d’appel, il se retrouve confronté à deux
modèles
de
régimes opposés mais tout aussi
néfastes:
Ceux dont la
tromperie se situe au niveau des résultats
miraculeux en quelques semaines, voire en quelques jours, qui consiste
en une
réduction draconienne des apports caloriques. Ce qui
entraîne une perte de poids fulgurante, certes, mais qui
n’est
pas tenable à long ou moyen terme pour des raisons avant
tout
psychologiques.
Lassé de ne manger que des fruits,
courgettes,
haricots verts ou autre, l’obèse, ou tout autre
être
humain quel que soit son poids d’ailleurs, ne pourra tenir longtemps et
compensera tôt ou tard sa perte de poids par des
fringales
qui
lui feront reprendre
plus de poids qu’il n’en avait perdu.
Les autres dont l’illusion est de faire croire qu’il est possible de
maigrir
sans se priver, ou sans changer radicalement ses habitudes
alimentaires. Ces régimes sont
généralement assez
inefficaces dans le mesure où un changement radical du mode
d’alimentation est pour le moins nécessaire à qui
veut
maigrir.
Enfin, il faut conclure que si l’obèse n’est pas
délibérément gros, il ne le fait pas
"exprès", il ne fait généralement pas
tout le
nécessaire pour maigrir. Le destin de l’obèse ou
de la
personne en surpoids réside
en ses mains,
conseillé par
un spécialiste.
Mais il est clair qu’il n’
existe pas dans
l’état actuel des connaissances médicales
sérieuses de
traitement miracle où le malade
n’aurait pas
à prendre sa santé en main activement. Nul ne
peut vous
empêcher de manger en excès durablement,
sinon
vous.
LES COMPULSIONS ALIMENTAIRES
Les
compulsions alimentaires se présentent sous la forme de
la
consommation d’une quantité plus ou moins
importante
d’aliments
choisis, mangés
rapidement, avec plaisir mais avec un
sentiment
de
perte de contrôle. Le plus souvent cette
ingestion se
fait
sans faim.
Le sujet a l’impression de ne pas pouvoir ni s’
empêcher de
manger ni s’arrêter de manger.
La question de la recherche de minceur n’est pas au centre des
préoccupations du sujet, cependant il est
fréquent qu’il
supporte mal le poids pris consécutivement aux compulsions.
La
compulsion alimentaire pathologique se caractérise par la
fréquence importante des compulsions, menant à
une prise
de poids importante associée à une souffrance
psychique
du fait de la perte de contrôle et de ses
conséquences.
Les
compulsions alimentaires touchent environ
10% de la population
française.
Il est important de
différencier compulsions alimentaires et
boulimie, dans la mesure où l’évolution et les
risques
associés, surtout
suicidaires, sont très
différents. Alors que dans la boulimie la question de la
minceur
reste centrale, dans les compulsions alimentaires elle est à
l’arrière plan dans la mesure où le sujet,
même
s’il vit mal sa prise de poids, l’assume comme conséquence
indésirable du plaisir pris. Les sentiments de honte et de
culpabilité ne sont pas au centre du tableau.
LE GRIGNOTAGE PATHOLOGIQUE
Le
grignotage pathologique se caractérise par une prise
alimentaire
en dehors des repas, allant jusqu’à
s’étendre
sur la journée entière. Le sujet mange, la
plupart du
temps
sans y penser, de petites quantité d’aliments
à la
fois qui, s’accumulant, vont constituer de gros volumes en fin de
journée.
Ces aliments sont généralement des
aliments
prêts à manger qui ne nécessitent
aucune
préparation, par exemple des biscuits, des chips, des
mélanges apéritifs, chocolat...
Cette prise alimentaire se déroule le plus souvent de
manière
automatique, sans y penser réellement,
sans que
le grignoteur prenne conscience des quantités
ingérées. Elle est
généralement
simultanée avec une
autre activité qui, elle,
mobilise
toute l’attention, l’exemple princeps en est la
télévision.
Le
grignotage pathologique se différencie d’un grignotage
banal
par le fait qu’il combine la compensation d’un
mal-être et
une
prise de poids significative et durable. Le grignotage pathologique
compense sans le résoudre, voire en l’aggravant
par es
conséquences de la prise de poids, un malaise existentiel de
type
anxieux ou
dépressif.
LES DYSFONCTIONNEMENTS ALIMENTAIRES MINEURS
PERTURBATIONS QUANTITATIVES
1. Grignotage
A la différence du grignotage pathologique, un grignotage
bien
géré, occasionnel et ne menant pas à
un gain de
poids, peut être parfois rencontré. Tant qu’il
reste
limité dans ses quantités et sa
fréquence, il ne
doit pas constituer un motif d’inquiétude et de
consultation.
2. Fringale
La fringale se présente comme une sensation
impérieuse de
faim. On la rencontre le plus souvent chez l’adolescente en
période prémenstruelle. La fringale reste un
comportement
alimentaire adapté dans la mesure où
l’adolescente
consomme généralement ce qu’elle aime.
3. Réduction alimentaire
La réduction alimentaire apparaît le plus souvent
à
l’age pré pubertaire, elle consiste en une
période de
restriction alimentaire fréquente, peut-être
même
habituelle. La restriction peut être soit globale
ou
sélective en réponse à des facteurs de
l’environnement, lectures, conseils, etc.
Ces réductions restent généralement
limitées
dans le temps et peu d’entre elles évoluent vers une
véritable anorexie mentale.
Il convient cependant de rester vigilant et de
surveiller
l’évolution particulièrement en cas
d’amaigrissement
et/ou d’augmentation de la réduction alimentaire.
PERTURBATIONS QUALITATIVES
1. dégoûts alimentaires "normaux" :
Certains dégoûts alimentaires peuvent
être
considérés comme normaux ou du moins plus
précisemment pour reprendre une terminologie plus
spécifique "névrotico-normaux". Ces
dégoûts
alimentaires sont déterminés en grande partie de
manière culturelle, par chaque époque dans chaque
civilisation. Un grand nombre de ces dégoûts ont
des
origines religieuses même si la signification initiale s’en
est
perdue. Nous en donnerons comme exemple le serpent qui n’est pas
considéré comme comestible en occident alors
qu’il est
couramment consommé en Asie et
considéré comme un
met de choix.
Il faut noter à cet égard que notre
civilisation a
elle même changé par rapport à des
temps plus
anciens. Actuellement, par exemple nous sommes passés quant
à la viande d’un abord zoophage (qui considère
l’animal
dans son entier) à l’époque du moyen age
à un
abord sarcophage (qui ne veut surtout pas voir dans le morceau de
viande l’animal qui l’a produit)
Nos
dégoûts alimentaires concernent le plus
souvent les
abats, les mets trop odorants ( fromages), les mets chargés
symboliquement (le lait, le "gras" ), moins souvent les
légumes.
Dans certains cas l’aspect légèrement
névrotique
est facile à repérer, dans d’autres il est
beaucoup plus
mystérieux.
Ces dégoût alimentaires, même si leur
fondement
pathologique existe, ne méritent d’attention que s’ils
entravent
gravement l’épanouissement et la vie quotidienne.
Par contre, dans le cas où de telles pratiques deviennent
systématiques,
extrémistes, voire
bizarres pour
certains
adolescents, la question doit se poser d’investissements
délirants de la nourriture et dans ce cas la
consultation
doit
être
conseillée, surtout si un tel
dérèglement entraîne un
amaigrissement.
Le
végétarisme se situe à part, dans
un contexte
éthique et philosophique. Tant que le régime
inclut les
produits laitiers de manière
équilibrée, le
risque
est
réduit.
Par contre, le
végétalisme, où seuls
des aliments
d’origine végétale sont consommés,
peut
entraîner des
carences importantes puisque certains acides
aminés et certaines vitamines ne sont pas
présentes dans
les végétaux. De plus, les raisons que se donnent
le
sujet pour adopter un comportement alimentaire aussi contraignant
doivent être
examinées avec soin, dans la mesure
où
parfois elles peuvent être
délirantes, mais aussi
où il existe de rares cas où le
végétalisme
a été une manière de
débuter une anorexie
mentale.