QUE FAIRE EN CAS DE TROUBLE DU COMPORTEMENT ALIMENTAIRE ?
Ce qu’il ne faut pas faire
Tout d’abord, il peut paraître important de
préciser
ce qu’il ne faut pas faire car, considérant la
complexité
du problème des
troubles alimentaires, les
solutions
simples,
voire
simplistes n’ont jamais eu l’efficacité
escomptée.
En effet, s’il existait une solution simple, rapide et fiable, non
seulement elle aurait déjà
été mise en
application mais un succès réel ferait qu’elle
serait
adoptée par tous.
A moins d’imaginer un complot corporatiste démoniaque qui inclurait tous
les
soignants sans exception de la planète entière,
force
nous est de constater que, à la rédaction de ces
lignes,
il n’existe
pas de solution miracle, du moins pas à ma
connaissance ni également à celle de tous les
collègues avec lesquels j’ai des contacts
réguliers.
En tous cas, les solutions du style " il/elle n’a qu’à ..."
sont
généralement
inopérantes, je n’ai
jamais
rencontré de patients désireux de grossir qui
n’aient
pas
pensé à manger ou de patients désireux
de maigrir
qui ne se rendent compte qu’ils mangent trop.
Il paraîtrait tout à fait possible donc de
forcer
les uns
à maigrir les autres à grossir mais, sauf
à les
garder éternellement sous surveillance étroite et
efficace, la solution n’est donc pas trouvée.
Guérir des troubles alimentaires n’est pas uniquement une
question de volonté ni de
coercition, ni même
d’
amour mais
de
soins appropriés où viennent s’adjoindre
volonté de guérir et
soutien de l’entourage.
L’apparition des troubles du comportement alimentaire est certes
liée aux conditions de vie dans les pays
développés dit "riches" mais, à mesure
que les
pays dits "émergents" sortent de la pauvreté ils
connaissent aussi les
mêmes pathologies. C’est dire que les
troubles alimentaires sont une manière d’exprimer une
souffrance
réelle dans un
contexte d’abondance mais il ne s’agit pas
pour
autant d’affirmer que les pays où l’on doit se battre chaque
jour pour sa survie ne connaissent pas la
souffrance psychique, elle
s’exprime simplement par d’
autres modes d’expression pathologique.
Donc la
culpabilisation par la comparaison avec les pays pauvres est
non seulement
fausse mais elle est également
dommageable
pour
l’estime de soi déjà bien basse des sujets
souffrant de
troubles alimentaires.
Il s’agit de rappeler à tout un chacun, famille, entourage,
professionnels mais surtout aux patients eux-mêmes qu’il
s’agit
de
maladie et non pas de
choix
délibéré ni de
vice. L’
approche morale est non seulement
non pertinente mais elle est
également
culpabilisante et
inefficace contre la
maladie.
Ce qu’il faudrait faire
L’utilisation du
conditionnel tient ici à marquer le fait
qu’entre souhaitable et possible, il existe une marge qu’il n’est pas
toujours aisé de réduire. Les conseils
donnés sur
ce site ne sont
pas absolus mais se doivent de pouvoir être
adaptés au cas de chacun.
Une fois la suspicion de
trouble alimentaire installée dans
l’esprit de l’entourage, il convient de se
renseigner le plus
rapidement possible, sans tarder mais sans non plus paniquer. Les
troubles du
comportement alimentaires sont des
troubles dangereux pour
la santé au long terme, pas dans la minute, sauf cas
extrêmes...
Il est possible de prendre des renseignements dans la
littérature médicale, mais aussi grâce
à
Internet , sur mon site par exemple, par contre la presse dite
féminine ou les forums santé internet doivent
être
utilisés avec
grande prudence, les informations
étant au
mieux floues au pire
tendancieuses (voir la page liens utiles et moins
utiles mais édifiants).
En tous cas, le
conseil d’un professionnel voire ,mieux, d’
un
spécialiste des troubles alimentaires est
recommandé,
dans la mesure où un avis ou bien un
diagnostic
précoce
augmentent considérablement les
chances et le
délai de
guérison. Il vaudrait mieux
consulter "pour rien", plus
exactement pour être rassuré que de ne pas
consulter de
peur d’être ridicule ou de perdre son argent que de risquer
de
ne
pas reconnaître une pathologie grave à pronostic
invalidant. Le prix d’une consultation ne représente rien au
regard de l’avenir de toute une vie.
Il est hautement préférable que le sujet
souffrant de
troubles alimentaires soit
volontaire et
coopératif,
cependant
dans certains
cas extrêmes de dénutrition, le
danger peut
dispenser l’entourage de son accord. En effet, si votre enfant peut se
trouver provisoirement très en colère envers vous
à cause d’une action entreprise
contre sa
volonté, le
fait que sa vie soit en
réel danger peut imposer
des
mesures exceptionnelles dont il reconnaîtra
sûrement plus
tard la nécessité.
Dans le cas d’un diagnostic positif, l’intrication des
problèmes
du corps et de l’esprit dans les maladies de l’alimentation
nécessite une
prise en charge conjointe, encore une fois de
préférence par des spécialistes du
problème. Les questions que posent l’extrême
dénutrition ou l’extrême
obésité
nécessitent l’intervention de
spécialistes de la
nutrition. Du coté du
suivi psychologique, il en va de
même, l’abord des patients souffrant de troubles alimentaires
représente une véritable
spécialité qui
doit être soutenue par une solide expérience, du
fait des
particularités spécifiques de ces patients.
Aussi un parcours de soin idéal devrait se
dérouler comme suit:
-
Prise de renseignements quant à la
réalité des
symptômes (littérature
spécialisée,
médias, web)
-
En cas de doute, consultation chez le
généraliste, ou un spécialiste des TCA
-
En cas de confirmation de la pathologie
-
Consultation chez un médecin somaticien (nutritionniste,
endocrinologue et/ou examens biologiques)
-
Prise en charge somatique
- Consultation auprès d'un "Psy" ( de préférence spécialisé dans les troubles du comportement alimentaire): Psychothérapeute, Psychologue, Psychanalyste ou Psychiatre
-
Prise en charge psychologique
Au risque de me répéter, je rappelle qu’il vaut
mieux
consulter "pour rien" que de laisser la
pathologie s’installer ou
mettre en danger le patient. L’espérance d’une
guérison
spontanée ne doit pas être surestimée,
si les cas
de
guérison spontanée existent certes ils sont
rares et il ne parait pas raisonnable de compter que "cela
s’arrange tout seul", surtout si l’on considère les
risques
encourus.